La vie des Chantiers

 

Carte postale de propagande des Chantiers  de la Jeunesse
Carte postale de propagande des Chantiers de la Jeunesse

 

Les Chantiers de la Jeunesse se proposent "de donner aux jeunes hommes de France, toutes classes confondues, un complément d’éducation morale et virile qui des mieux doués fera des chefs et, de tous, des hommes sains, honnêtes, communiant dans la ferveur d’une même foi nationale" (Un an de commandement. 1941. Joseph de la Porte du Theil. p 12).

 

une vie en camp et au grand air

Chantier de la Jeunesse de la Ferme Guichard © archives André et Bernard Maclet
Chantier de la Jeunesse de la Ferme Guichard © archives André et Bernard Maclet

Les hommes arrivent avec un paquetage sommaire et une toile de tente. Ils commencent par dresser un camp de toile. C'est la fin de l’été ; l’hiver 1940-41 est rude et les conditions de vie sont particulièrement sévères.

 

L’encadrement a posé comme principe de base de ne jamais laisser les jeunes inoccupés et les activités soutenues doivent gommer l’ennui qui pourrait résulter de l’isolement.

 

 

Photos tirées des archives d'André et Bernard Maclet
Photos tirées des archives d'André et Bernard Maclet

 

Dans chaque camp, la journée commence par le lever des couleurs selon un cérémonial solennel, suivi souvent par une allocution. La journée est partagée en deux parts égales : d’un côté, le travail de chantier ; de l’autre, l’éducation physique et l’instruction technique. Pour les illettrés et ceux qui n’ont pas leur certificat d’études, des cours de rattrapage sont organisés.

 

Travaux forestiers par l'équipe de Planachat © André et Bernard Maclet
Travaux forestiers par l'équipe de Planachat © André et Bernard Maclet
Lever des couleurs à Planachat © André et Bernard Maclet
Lever des couleurs à Planachat © André et Bernard Maclet

 

Un travail formateur et d'intérêt général

Le travail est considéré avant tout comme un outil éducatif. Il s’agit de produire en commun quelque chose d’utile au pays sans entrer dans des considérations de rentabilité : fourniture de bois de chauffage, de charbon de bois, construction de pistes et de chemins, initiation au travail du bois et du fer, à la maçonnerie…

 


Séance de gymnastique dans un chantier de la Jeunesse
Séance de gymnastique dans un chantier de la Jeunesse

Une vie communautaire

 

L’éducation physique tient, dans les Chantiers, un rôle fondamental tant au niveau de l’imprégnation idéologique que du développement de la santé. En effet, il s’agit de fortifier et de revitaliser physiquement la jeunesse française. Pour cela, différentes activités physiques sont mises en place : décrassage matinal, marche, sport, gymnastique. Le terme de « décrassage matinal » est tiré de la Méthode naturelle de Georges Hébert, méthode basée sur l’exécution de mouvements dits naturels (courir, sauter, nager, grimper, [...]. Elle a pour but :

« l’acquisition du développement physique intégral, lequel se résume en ces trois matières : la santé, la beauté et la force ».

 

 

Repos au baraquement au chantier de coupe "de l'Oreille" aux Plans d'Hotonnes, mis en place par le camp de La Bâtonnière © André et Bernard Maclet
Repos au baraquement au chantier de coupe "de l'Oreille" aux Plans d'Hotonnes, mis en place par le camp de La Bâtonnière © André et Bernard Maclet

Cahier de chansons du groupement Sidi Brahim et écoutez ci-dessous le chant "Il y a des cailloux"
Cahier de chansons du groupement Sidi Brahim et écoutez ci-dessous le chant "Il y a des cailloux"

 

La fin contrastée des Chantiers de la Jeunesse

 

La méfiance initiale des Allemands vis à vis de cette institution va se concrétiser au vu du rôle joué par les Chantiers d’Afrique du Nord lors du débarquement allié de novembre 1942.

 

Le Commissaire régional Van Hecke (1875-1937) a été nommé Commissaire régional pour l’Afrique du Nord. Personnalité affirmée, chef et patriote intransigeant, il appartient au « Groupe des Cinq » qui, en liaison avec Robert Murphy (ambassadeur US à Alger), est chargé de faciliter le débarquement allié.

 

Le général Giraud décorant, le 8 novembre 1943, "le Groupe des cinq" avec de gauche à droite : Jouse, Van Hecke, et Lemaigre-Dubreuil © Clément Charrut Écho de l'Oranie sept.Oct.2011
Le général Giraud décorant, le 8 novembre 1943, "le Groupe des cinq" avec de gauche à droite : Jouse, Van Hecke, et Lemaigre-Dubreuil © Clément Charrut Écho de l'Oranie sept.Oct.2011

Suivant le plan convenu, le 8 novembre 1942, les Américains installent leur P.C. à la direction des Chantiers de la Jeunesse. Le central de la Grande Poste et celui des Américains sont tenus par les jeunes des Chantiers. Ce sont encore eux qui, le 9 novembre, accueillent le général Giraud arrivant de France, assurent sa protection et l’installent manu militari au Palais d’Été.

 

Mais la disparition des Chantiers de la jeunesse d’Afrique du Nord crée du même coup une situation qui interdit pratiquement à ceux de Métropole de pouvoir en faire autant.

Chantier de la Jeunesse à Jalinard © Yann Cruiziat
Chantier de la Jeunesse à Jalinard © Yann Cruiziat

 

L’invasion de la zone libre (novembre 42) et la mise en place du STO (février 43) entraînent le repli des Chantiers au Sud de la France. En septembre 1943, Laval informe le général de la Porte du Theil que les Allemands exigent l’envoi en Allemagne de la totalité des hommes des Chantiers. Le général refuse. Le 4 janvier 1944, il est arrêté par les Allemands et déporté en Allemagne.

 

Un nouveau Commissaire Général plus docile est désigné pour le remplacer, mais les cadres des Chantiers s’organisent pour le neutraliser : certains cadres démissionnent, la majorité reste pour tenter de sauver les Chantiers, d’autres sont arrêtés et déportés par les Allemands. Dans les mois qui suivent, de nombreux cadres et jeunes gagnent les maquis et après les débarquements, très nombreux sont ceux qui rejoignent l’Armée française.

 

Les baraquements du Chantier de la Jeunesse n° 6 étaient implantés non loin de la ferme du Molard [Brénod]. Après leur évacuation, ils seront occupés par le maquis et détruits par la Wehrmacht le 6 Février 1944
Les baraquements du Chantier de la Jeunesse n° 6 étaient implantés non loin de la ferme du Molard [Brénod]. Après leur évacuation, ils seront occupés par le maquis et détruits par la Wehrmacht le 6 Février 1944

 

Les Chantiers sont dissous en trois étapes : en juin 1944 par les Allemands, le 5 juillet par le gouvernement d’Alger et le 13 décembre par le gouvernement provisoire de la République. Ils eurent décidément la vie dure.

 

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