Si le plateau d’Hauteville est surtout connu comme station hospitalière et touristique, on sait moins que ses carrières de pierre marbrière sont célèbres dans le monde entier. Une exploitation industrielle qui a démarré à la fin du XIXe siècle et se poursuit aujourd’hui.

 

Entre le IXe et le XIe siècle, la proximité de bâtiments détruits ou désaffectés, faisant office de carrières, permet d’utiliser des fragments de construction et de progressivement les réintégrer pour constituer encadrements d’ouvertures, piliers, chaînes d’angles et fondations. Il s’agit là d’économiser les coûts d’extraction et de transport.

 

"Les premières carrières industrielles débutent réellement vers le XVIIe siècle, avec des sociétés majeures telles que Villebois (Isère), Hauteville (Ain), Champdor (Ain)… Elles alimentent en pierre les villes de Vienne, Lyon, Grenoble, voire Genève", explique Dominique Tritenne

  

 

En France, la zone Ain, Nord-Isère, Ardèche est celle qui compte la plus grande concentration de pierres marbrières. Les pierres peuvent être bleues, roses, grises ou blanches. Les plus vendues et les plus jolies sont les blanches. Il en existe de toutes les tailles des petites, des moyennes et des grandes. Parfois, il y a des fossiles, que l’on voit lorsque les pierres sont mouillées.

 

La pierre du Plateau d’Hauteville-Brénod est nées entre -136 et -145 millions d’années.(voir naissance des calcaires)

 

Elle a de nombreuses et rares capacités. Tout d’abord elle devient brillante au polissage ce qui lui permet d’occuper depuis le XIXe siècle une place mondiale enviée dans le domaine de la construction ou de la sculpture.

 

Ensuite elle a la capacité d’être dure et de résister au gel et on peut donc l’utiliser en extérieur comme en intérieur.

 

On extrait de la pierre marbrière à Hauteville-Lompnes et à Champdor.

 

Le premier niveau exploité, constituant la partie supérieure du gisement, est un calcaire en bancs épais, massifs et compacts, formant des bancs décimétriques à métriques dont la surface est souvent sculptée par l’eau (les lapiaz). Cette formation possède une teinte claire, blanche ou rosée dans sa partie supérieure.

 
Sur l’ensemble des deux carrières, les matériaux sont extraits sous deux formes : la pierre marbrière, pour une production prévue de 5 000 t/an ; Les enrochements calcaires et granulats pour une production totale prévue de 245 000 t/an.

 

Avec les pierres les moins dures, on fait des routes, des murs, les gradins de l’école.

 

 

Avec les pierre dures, résistantes, les plus jolies, on fait du carrelage, les murs des beaux monuments (le socle de la Statue de La Liberté, Empire State Building à New-York, le Capitole-Sénat à Washington, la Bibliothèque Nationale à Paris … )

 

 

 

Les plus prestigieux édifices dans le monde ont été, et continuent de l'être, construits ou parés de pierre du Plateau d’Hauteville-Brénod. Et bien sûr en France on trouve de nombreux édifices, privés ou publics, des ouvrages d'art, ponts ou barrages, qui n'auraient pas eu le charme qu'on leur connaît sans la Pierre de Hauteville ou la Chandoré.

 

Histoire de l'exploitation de la pierre marbrière                                         du Plateau d'Hauteville-Brénod

 

Ce n’est qu’à partir de 1835 que les carrières d'Hauteville-Lompnes et de Champdor exploitent, à ciel ouvert, un gisement de calcaire daté du Valanginien.

 

Il faut attendre 1867 pour qu’un partage en sept lots des carrières d’Hauteville-Lompnes mette de l’ordre dans l’exploitation sauvage des prélèvements. Toute la gamme des produits est alors représentée, de la pierre dure à la pierre tendre et blanche. (Voir cahier du dreffia n°10, 11, 23, 28)

 

Ce beau calcaire, avec son côté ambré et sa texture fine, très résistante et homogène se travaille aisément, se taille, se sculpte et se scie en feuilles pour les dallages et les placages. Depuis de nombreuses années elle est utilisée par des artisans et des artistes, s'exporte aux quatre coins du monde. Elle a contribué à ériger des bâtiments de notoriété internationale comme l'Empire State Building et le Capitole à Washington, l'escalier de la Maison Blanche, le Palais Impérial de Tokyo, le Palais de l'Escurial en Espagne, le Palais de Chaillot à Paris, l'autel de la Basilique souterraine de Lourdes et bien d'autres encore.

 


Après la guerre de 14-18, de nombreux italiens viennent travailler sur les carrières et font souche dans le village. Peu à peu, le concassage fait sa place dans l’activité.

 

Avant la guerre, les blocs étaient transportés à Tenay sur des fardiers à bœufs ; en 1919, un premier fardier à tracteur apparait. (voir Marcien Rivat et la champdorée : Mémoires d'un carrier)

 

« Entre les deux guerres, on comptait plus de 450 carriers et tailleurs de pierre sur le secteur », rappelle Arnaud Lejeune, de l’Atelier de la pierre créative, à Champdor. Aujourd’hui, ils sont dix fois moins, et ne subsistent que deux entreprises de taille de pierre, celle de Champdor et l’atelier de la pierre de Rémi Pesenti. Des artisans-artistes qui travaillent dans la création mais aussi la rénovation de notre patrimoine.

 

Délaissée par les architectes et les ingénieurs comme solution constructive jusqu’à récemment, la pierre marbrière du Plateau d'Hauteville est en plein renouveau. Ses qualités environnementales sont peu à peu reconnues, et démontrées.

 

En février 2019, pour protéger ce patrimoine national, lutter contre les contrefaçons, valoriser les pierres locales, les procédés et les savoir-faire, rassurer les consommateurs… l’association Rhônapi, dépose un dossier afin d’obtenir l’Indication géographique (IG) pour les pierres marbrières, auprès de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle).